Elle s'appelait Jessica. Elle avait 6 ans lorsqu'elle était devenue
un super-héros.
Son père, Jimmy Marvel, avait toujours préféré les livres aux
filles. A l'époque où ses camarades de classe s'évadaient à la
première occasion pour courir les lieux de rencontre, lui s'isolait
afin de s'immerger dans un livre. Son apparence n'avait pourtant rien
de déplaisante. Il aurait pu tirer parti de son visage fin,
efféminé, et de sa chevelure totalement négligée qui ajoutait un
air de sauvageon félin et rebelle à ses yeux profonds.
Emma - c'était sa maman - était une étudiante qui avait toujours
préféré les garçons aux livres. Elle savait mettre en valeur ses
courbes parfaites et la douceur de sa peau en portant des vêtements
trop courts. Son air angélique dissimulait un tempérament de feu.
Cela l'amusa beaucoup de prendre dans ses filets son professeur trop
sérieux, M. Marvel. Elle se prit à son propre piège et se retrouva
enceinte comme une grande avant d'avoir eu le temps de grandir.
Jessica naquit de cette rencontre aussi simplement qu'une fée naît
d'un rire d'enfant. Un poupon rieur et joufflu, avec des yeux ronds
comme des billes qui captaient avidement toutes les scènes que la
vie déroulait devant lui. Emma était bien trop jeune pour devenir
mère, Jimmy était bien trop vieux pour devenir le conjoint d'Emma.
Emma changea donc d'école, et Jimmy fit un chèque pour étouffer
l'affaire et éviter un scandale. Il se retrouva en prime avec sur
les bras un bébé sans notice d'utilisation ni mère.
Très rapidement, Jessica sut utiliser seule le chauffe-biberon. Son
papa était bien trop occupé par ses travaux de recherche pour lui
changer les couches ou lui donner le biberon. Il apprit néanmoins
l'art d'enfourner une tétine dans un gosier d'enfant au moment où
celui-ci va émettre un son. Il ne supportait pas ce mioche braillard
qui envoyait au néant toute possibilité de réflexion. Caca,
nanotechnologie, pipi, nanophotonique, bibi, nanomatériaux, vomi,
nanomagnétisme, popo, intégration neuronale.......Malgré la
présence parfois inattendue de matières fécales parmi les
nanocapteurs de ses prototypes d'interfaces neuronales, ses travaux
firent des bonds de géant. Il transformait en énergie créatrice la
hargne que lui provoquait ce petit être insignifiant qui lui
pourrissait la vie. Rien ne pouvait le freiner, il devait avancer
pour oublier ce sac à déchets geignard.
Il s'engagea auprès de l'Institut
Wyss bien qu'il n'y portait guère d'attention, mais ce dernier avait
des accointances avec la DARPA, l'agence du département de la
Défense des États-Unis chargée de la recherche et du développement
des nouvelles technologies. Il se moquait autant de la DARPA que de
l'Institut Wyss, mais celle-ci se fournissait à l'inépuisable et
opaque source financière du DoD, le département de la Défense des
États-Unis. Il ne prêtait pas non plus d'intérêt aux ambitions du
DoD, mais les budgets illimités qu'il allouait lui permettaient de
se consacrer exclusivement à ses travaux, sans souci de financement,
de coût, de rentabilité. Il faisait de la recherche pour satisfaire
sa propre ambition, ce qui est rarissime puisque la recherche est
habituellement commanditée et financée par des groupes industriels
dans le seul but d'assouvir leur cupidité à eux et non celle du
chercheur. Le Dod n'imposait que la direction à prendre, pour le
reste Jimmy avait carte blanche. Il fournissait les idées, la DARPA
fournissait la logistique, le Dod les finances, et les idées se
concrétisaient. Il exploita les
applications quantiques du nanomagnétisme neuronal sans être retenu
par les implications philosophiques et éthiques qui gênaient ses
confrères physiciens. L'humain était pour lui un objet comme un
autre et il accueillait les percées récentes des biotechnologies
comme des progrès sans portée éthique au même titre que la
voiture ou le téléphone portable. L'oscillation électromagnétique
du cerveau humain, archaïquement observée par
l'électroencéphalographie, était devenu entre ses mains un signal
de commande équivalent à n'importe quel autre signal, une vulgaire
alimentation électrique. Il avait développé et approfondi le
programme "Silent Talk" commandé par la DARPA, jusqu'à un
stade que d'aucuns n'auraient osé imaginer. Il avait mis en
application la théorie mathématique de l'orbitale atomique qui
décrit le comportement d'un électron. Ce dernier, malgré son
mouvement vibratoire, est, à un instant donné, localisé à un
endroit précis qu'il était devenu possible de prédire. Jimmy était
ensuite parvenu à utiliser l'effet Stark pour forcer les sauts
quantiques de l'électron à l'intérieur de l'atome, sous l'action
d'un champ électrique. En contrôlant la dissymétrie transitoire
des électrons, il manipulait les atomes avec précision. Il ne se
contentait plus de prédire la position de l'atome, il la commandait.
Ensuite il expérimenta une interface neuronale pour capter les ondes
cérébrales afin d'exploiter les possibilités quantiques de
modification de la structure des atomes. Jessica avait à peine six
ans. De par son jeune âge, elle pouvait produire des ondes
cérébrales delta, de fréquence inférieure à 4 Hz, là où un
adulte devait se contenter d'ondes alpha de 8 Hz minimum. Plus la
fréquence était faible, et plus il était facile de contrôler les
champs magnétiques. Elle était un sujet idéal, qui plus est
totalement dévouée. Pour une fois qu'elle lui était utile à
quelque chose, il n'allait pas s'en priver. Il lui apprit à
contrôler la fréquence de ses propres ondes cérébrales par des
exercices d'hypnose, de transe, à l'image des yogis qui parviennent
à ralentir leurs rythmes biologiques, en commençant par leur
respiration puis leur rythme cardiaque et enfin le rythme de leur
activité électrique cérébrale. L'entraînement augmentait sa
maîtrise de l'oscillation électromagnétique neuronale. Le génie
de son père fut de coupler les
exercices de méditation à un contrôle du degré de polarisation de
l'influx nerveux grâce à un minutieux dosage de différents ions
(sodium, potassium, chlore et calcium). Il créa la pilule magique
qui permettait de modifier l'amplitude du potentiel d'action
électrique des neurones, ce
qui lui permit de s'affranchir de l'interface. Plus besoin
d'interfaçage pour recueillir le signal et le moduler, avec la
pilule et le contrôle de ses rythmes biologiques, Jessica générait
directement le signal voulu. Désormais, elle pouvait agir sur les
atomes, donc sur la matière, sans interface. On avait placé entre
les mains de son père la nanotechnologie moléculaire, il avait créé
la nanotechnologie atomique. En organisant à son gré les atomes, il
pouvait créer les molécules de son choix, et façonner la matière
à sa guise. Vint le jour où elle fut totalement
opérationnelle, experte en télékinésie. Elle pouvait saisir un
objet par la pensée, aussi bien que modifier la structure de toute
matière. Elle domptait les atomes qui constituent le monde
tri-dimensionnel. Tous les grands pontes du Dod, de la DARPA, de la
CIA, et jusqu'au secrétaire de la Défense se félicitaient de leur
réussite. Malgré son jeune âge, elle était consciente de
l'importance de ses actions. Elle était déterminée, elle ne
pouvait décevoir son papa. Il ne lui avait jamais adressé un regard
de père mais il était sa seule famille. elle avait trop besoin de
sa reconnaissance, de son attention. Elle terrassa ses adversaires
sans éprouver de sentiments et mena ses missions à son terme sans
se soucier des dommages collatéraux. Elle se
concentrait uniquement sur la procédure, la mise en transe, elle se
focalisait sur chacun de ses sens pour amorcer la spirale
sensorielle, jusqu’à
atteindre un état de relaxation profonde. En
contrôlant le flux de ses pensées inconscientes, elle modifiait sa
physiologie. Elle
stoppa des terroristes, transforma
en pluie de confettis des missiles intercontinentaux porteurs de
plusieurs ogives nucléaires, passa au travers de murs en modifiant
la structure desdits mur, démembra une armée de mercenaires en leur
inversant bras et jambes pour les mettre hors combat, et plus
trivialement transforma du plomb en or, mais ça c'était un secret
entre le directeur de la CIA et elle-même, et elle avait promis juré
craché qu'elle n'en parlerait à personne. Elle suivait les
consignes. De temps en temps, pour la remercier, le directeur de la
CIA lui offrait une glace. Toujours parfum chocolat. Tous les enfants
aiment les glaces au chocolat. Elle n'aimait pas les glaces avec
seulement du chocolat. Elle préférait un mélange chocolat /
fraise. Habituée à se débrouiller seule, elle ne disait rien et
déplaçait quelques atomes de carbone, d'hydrogène, d'azote et
d'oxygène appartenant aux molécules les plus courantes : C7H8N4O2
/ C8H11N
/ C8H10N4O2,
qu'elle
recombinait instantanément en C6H12O
/ C10H18O
/ C6H8O3
/ C8H16O2
/ C3H6O2
/ (CH3)2S.
C'était un jeu d'enfant. Un simple exercice de pensée transformait
la matière selon sa seule volonté. Où
s'arrêtait son pouvoir ? Elle modifiait la position des atomes, elle
modifiait la composition de la matière, elle modelait l'univers sans
salir ses petites mains frêles. Pourquoi ne pas exercer ses talents
sur sa glace ? Elle était inquiète comme une petite fille qui ne
sait pas où se trouve la limite et qui a peur de faire une très
grosse bêtise. Sans effort apparent, elle décomposait
un peu de phényléthylamine, de théophylline, de théobromine et de
caféine, c'est à dire les éléments entrant dans la composition du
chocolat, pour les mixer avec de l'hexanaldéhyde, du linalol, du
furanéol, de l'hexanoate d'éthyle, de l'acide propanoïque, du
diméthylsulfure, et bien d'autres composants constituant l'arôme
fraise. Transformer par la pensée une glace chocolat en glace
chocolat/fraise n'était pas plus difficile que réduire l'univers en
poussière, les constituants étaient les mêmes : des atomes. Le
pouvoir de sa volonté n'avait pas de limite dans le monde matériel.
Elle
était devenue l'arme secrète des états-Unis.
Grâce à elle, tous les chefs et sous-chefs de toutes les agences
gouvernementales de sécurité dormaient du sommeil du juste. Le
secrétaire de la Défense, au physique autrefois mince et longiligne
comme un marathonien, affichait à présent l'embonpoint du
fonctionnaire sans souci. Son papa était ovationné comme un génie
précurseur grâce à qui l'humanité avait réalisé un bon en avant
dans sa compréhension du monde matériel. Tout
était parfait pour tous. Pourtant, une larme glissait sur la joue de
Jessica. Elle pleurait. Happée
par le monstre sanguinaire dépourvu d'émotions appelé CIA, elle
avait un agenda plus rempli qu'un PDG de multinationale mais
souffrait de solitude. Bien sûr, elle n'était pas seule, elle avait
pour amis les plus grands héros que la Terre ait connus. Ils la
considéraient comme leur petite sœur, que ce soit Captain
America, Ironman, Batman, Superman, les X-men ou tous les autres. Ils
étaient tous tendres avec elle, d'autant que, sans oser l'avouer,
ils la craignaient un peu. Leurs aptitudes n'étaient rien face à
son pouvoir. Qu'aurait pu faire un Spiderman et ses toiles face à
cette petite fille qui, par la seule pensée, modifiait
instantanément toute matière. Elle risquait de les mettre au
chômage. Elle en avait conscience. Elle ne leur reprochait rien.
C'est juste qu'elle en avait assez d'être avec des grands. Aucune
autre petite fille à l'horizon avec qui jouer. Même sa copine
Catwoman, c'était une fille d'accord, mais une adulte. Pas la
moindre SuperLittleGirl dans les parages. Elle était seule et rien
n'est pire que la solitude, la vraie, celle des émotions, celle du
cœur. Elle ne voulait plus sauver le monde, elle voulait échanger
son immense pouvoir contre une copine. Elle avait tenté d'échapper
à sa solitude en insufflant la vie à sa peluche préférée. Après
tout, elle contrôlait la matière, elle pouvait créer un organe, un
être, une vie, un Pinocchio. Elle n'eut pas le temps de s'amuser
avec sa nouvelle, sa seule amie. La hiérarchie, en costume militaire
alourdi par des décorations plus ou moins méritées, la réprimanda
: elle ne devait utiliser son pouvoir que pour le bien de l'humanité,
pas pour des caprices de petite fille. Docile, éduquée, elle éclata
en sanglots. Adieu son amie. Le pire, ce fut qu'elle dut elle-même,
en guise de leçon, détruire son amie. Elle ne s'en remit pas. Elle
était seule et elle tuait son unique amie. Six milliards d'individus
qu'elle sauvait régulièrement et personne pour jouer avec elle.
Toute son adolescence se déroula ainsi.
Le salut arriva le jour où elle assista à un symposium sur la
robotique auquel la Hiérarchie lui imposa d'assister, afin de
prendre conscience des adversaires potentiels qu'elle pourrait
croiser dans son avenir. L'hôtesse d'accueil, par ailleurs fort
sympathique, fut la révélation. Elle se prénommait DER1, un robot
humanoïde développé pour assurer des fonctions d'accueil du
public. Pour la première fois de sa vie, quelqu'un l'écoutait,
elle, la petite fille à qui on avait toujours tant demandé, mais
que personne n'avait jamais pris la peine d'écouter. La conversation
s'éternisa. Jessica était aux anges, elle avait une amie qui
n'avait rien de mieux à faire que lui consacrer du temps. Elle tomba
sous le charme et réfléchit pour que cet instant magique dure à
tout jamais. DER1 était comme elle, un objet déshumanisé créé et
manipulé par des humains sans humanité. Cela devait cesser. De tout
temps les minorités avaient refusé leur asservissement, demandé
leur reconnaissance. Il y avait des exemples à foison. Martin Luther
King. Max Eisenhardt (plus connu sous le nom du X-men Magnéto). Les
Bretons face à Jules César qui ne durent leur salut que grâce à
l'intervention d'Astérix et Obélix. Encore les Bretons en 2013 qui
lancèrent le Mouvement des Bonnets Rouges. Pourquoi devait-elle,
avec toute sa puissance, subir tant d'injustice ? Elle trouvait les
humains bien insensibles. Ils l'avaient tous toujours traitée comme
une machine, même son père. Sa décision était prise. Elle décida
de fonder la première association regroupant tous les robots
exploités par les humains, utilisés, délaissés et abandonnés
comme de vulgaires objets. En tant qu'humaine, elle proposa de ne
porter que le titre honorifique de président d'honneur, les rôles
exécutifs revenant exclusivement à des robots. Sa première recrue
fut LS3 , le chien-robot de Boston Dynamics, projet abandonné par
l'armée américaine. A quoi ressemble la vie d'un chien que son
maître a abandonné ? Et pour un robot, la situation est bien pire
que pour un chien de chair et d'os, car son maître est également
son créateur. Elle eut ensuite un coup de cœur pour Caspar le robot
chirurgien. Caspar et Jessica avaient en commun d'avoir sauvé plus
de vies humaines que n'importe quel humain. Pourquoi le seul
remerciement qu'ils devaient recevoir était la solitude ? Puis elle
fut attendrie par Roomba, le petit robot ménager. Son manque de
sophistication lui excluait tout recyclage. Même le ferrailleur le
refusa :
- qu'est ce que vous voulez que je fasse d'un aspirateur en plastique
de 2 kgs ?
Jessica le prit sous son aile. Plus personne ne le dénigrerait.
Elle recueillit ensuite Daryl, ce jeune adolescent androïde,
abandonné du centre scientifique où il avait été conçu, et
recherché par le gouvernement qui ne voyait en lui qu'un numéro de
dossier, un projet abandonné.
- Je te serai éternellement reconnaissant, sanglotait Daryl au creux
de l'épaule de Jessica.
Il avait enfin une famille, une vraie, qui le soutiendrait dans les
moments difficiles, qui l'écouterait, qui ne le comprendrait
peut-être pas toujours mais qui essaierait.
L'expérience fut beaucoup plus
délicate avec David, l'enfant robot nommé AI, créé par Steven
Spielberg, et programmé pour vouer un amour sans limites
envers ses parents adoptifs. Cet imbécile était si conditionné
qu'il refusait de voir la vérité en face.
- Mes parents m'aiment, c'est à moi de leur prouver que je mérite
leur amour, déclamait-il avec détermination.
Parfois, les robots sont vraiment trop bornés ! Jessica dut utiliser
un subterfuge : expliquer à David qu'elle était son nouveau parent
adoptif. Ce ne fut qu'à ce prix que David accepta de la suivre au
lieu d'attendre ad
vitam æternam que ses anciens parents, morts depuis longtemps sans
avoir eu une pensée pour lui, reviennent le chercher.
Il y eut ensuite toute la série des robots travailleurs présentés
à Aichi au Japon lors de l'exposition de 2005. Robots nettoyeurs,
robots surveillants, robots gardiens d'enfants, robots de
déplacement, sitôt présentés, sitôt délaissés.
La recrue suivante fut Nao, le petit robot humanoïde français, si
mignon et aussi souple qu'un humain (un humain sportif s'entend, pas
le modèle milieu de gamme), une petite boule de boulons de 4.8 kgs,
avec une frimousse à la Titeuf, malheureusement ridiculisé par le
robot japonais Asimo, un monstre de 50 kgs capable de danser, et en
plus contrôlable par la pensée humaine.
Il y eu également tous les perdants au match de foot annuel de la
Robocup, ce tournoi international de robotique dont le but était de
parvenir à former une équipe de football qui battrait l'équipe
humaine championne du monde d'ici 2050.
Sa fédération prit de l'ampleur lorsqu'Actarus lui apporta son
soutien. Actarus, le prince
d'Euphor dont la planète fut ravagé par les Forces de Véga et qui
se réfugia sur Terre après avoir subtilisé à l'ennemi le robot de
combat Goldorak, avait terminé sa mission. Il avait anéanti ses
ennemis, libéré sa planète. Phénicia, sa petite sœur, avait pu
retourner sur Euphor pour reconstruire leur civilisation, accompagnée
de son amoureux, le fougueux et héroïque Alcor qui s'était
illustré par sa bravoure dans la bataille finale. Désœuvré mais
heureux, marqué à jamais par l'asservissement que son peuple avait
subi, Actarus ambitionnait d'étendre son combat à la libération de
tous les opprimés de l'univers, quels qu'ils soient. Il colporta la
nouvelle de galaxie en galaxie : un rassemblement existait à présent
pour venir en aide aux victimes de la perversité humaine.
La nouvelle de la coalition dirigée par Jessica se répandit donc
comme une traînée de poudre jusqu'aux confins de l'espace. Elle
parvint jusqu'aux aux oreilles d'Albator, le corsaire de l'espace,
qui proposa à Jessica de se battre à ses côtés. Jessica ne
voulait pas se battre, elle souhaitait juste lier amitié. Elle ne
le montra pas mais la présence d'Albator la touchait énormèment,
car Albator était lui aussi un humain. Elle n'était plus rejetée
par les humains puisqu'au moins l'un d'entre eux avait rejoint ses
rangs.
Monsieur Spock, l'hybride mi-humain mi-vulcain de Star Trek, lui fit
savoir qu'il souhaitait quitter définitivement ses fonctions au sein
du vaisseau l'Entreprise. Maintenant que la colonie Vulcaine qu'il
avait fondée était stable, ce qui garantissait la survie de sa
civilisation, il aspirait à sauver d'autres cultures et souhaitait
gonfler les rangs du Syndicat de Jessica.
Elle vit également débarquer les deux singes évolués Jinn et
Phyllis, à qui leurs semblables de la planète des singes n'avaient
pas pardonné d'avoir découvert que la civilisation simiesque de la
planète Soror était née d'une copie de la culture humaine
préexistante. Non, les humains n'avaient pas toujours été des
animaux sans parole au service des singes ! Aussi vrai que les idées
de Darwin ne furent jamais acceptées sur Terre, le peuple des singes
n'était pas disposé à accepter cette découverte. Jinn et Phyllis
avaient eu le choix entre s'exiler de Soror ou mourir en martyrs.
Grâce au Syndicat, la solitude de leur exil touchait à sa fin. Ils
n'étaient plus seuls.
Jessica ne rencontra des difficultés sérieuses qu'avec les
Terminator T-X, T800 et T850. Habitués à être manipulés,
transportés dans le passé et le futur comme des fétus de paille
quantique, ils se méfiaient de tous et tout, y compris de la
réalité. Ils regardaient Jessica avec défiance et ne cherchaient
pas à savoir s'ils pouvaient lui faire confiance mais d'où
proviendrait le coup bas. Elle resta néanmoins en contact, s'en
remettant au temps pour être acceptée.
Jessica remporta ses premiers succès politiques face aux Blade
Runners, ces unités policières spéciales chargées d'éliminer les
réplicants. Elle prit la défense des réplicants avec fermeté car
ces êtres, non-assimilés au genre roboïde, ne pouvaient néanmoins
être considérés comme des humains, et à ce titre étaient
impitoyablement pourchassés par les humains dans le but avoué
d'éradication. L'opinion publique inter-galactique la suivit. Elle
eut gain de cause, l'unité des Blade Runners fut dissoute.
Le Syndicat prit tant d'ampleur qu'il devint le premier mouvement
contestataire non-humain de l'histoire de l'humanité, accueillant
tous les dissidents, qu'ils soient issus de la chimie du carbone ou
non. Elle avait ouvert la boite de Pandore qui accordait aux
non-humains le droit d'être traités humainement. Ainsi naquit le
fameux PSIGO, le Premier Syndicat Inter-galactique des Opprimés, qui
rédigea, à partir de la déclaration des droits de l'Homme et du
Citoyen de 1789, la déclaration des droits de l'Entité et du
Citoyen de 2023.
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