Abandonnée
par son petit ami, joueur de football talentueux, Lilia est prête à
tout pour se venger. Le moment est idéal, Teddy est concentré sur
la compétition en cours, sa nouvelle compagne, Eva, a les yeux qui
pétillent en voyant les contrats flamboyants qui se profilent.
Lilia
parviendra-t-elle à détruire leur idylle ? Réussira-t-elle à
reconquérir Teddy ?
chapitre
I
La
vengeance se prépare
Lilia
était dans les gradins, à une place indigne. Il ne lui avait même
pas offert de places réservées. Elle qui faisait la une des
magazines au bras de la nouvelle coqueluche du football. Même sans
invitation, pas question de manquer cette demi-finale. Elle ne
regretta pas son acharnement, La France avait gagné. C'était en
partie la victoire de Teddy. Et elle ne faisait pas partie de la
fête, elle vagissait dans les gradins, comme une pestiférée. Elle
enrageait. Il lui paierait cher cet affront. Elle remarqua dans les
tribunes Lilou et Clara, les femmes respectives de Sissako et de
Rinaldi, qui riaient en dégustant une coupe de champagne. Elle prit
sa décision sans réfléchir, il fallait qu'elle agisse, la fête ne
se passerait pas sans elle. Elle partit en direction des deux élues.
Le service d'ordre la connaissait, entre les rencontres, les
ruptures, les réconciliations, les badges oubliés, il leur était difficile de savoir qui pouvait
entrer ou non dans le cercle VIP. Lilia avait eu ses habitudes parmi
les privilégié(s). Elle put s'asseoir sans difficulté, avec
insouciance et légèreté, au milieu du groupe. Son plan était
prêt. Les joueurs étaient sur le terrain, intouchables pour le
moment. Elle s'attaqueraient donc aux femmes : Lilou et Clara
finiraient dans son lit !
Chapitre II
Une nuit inoubliable
L'affaire fut beaucoup plus
aisée qu'elle ne l'avait craint. Clara lui avait toujours lancé des
regards langoureux et l'avait régulièrement complimentée sur sa
silhouette élancée de sportive accomplie et ses formes généreuses
qui faisait de Lilia une croqueuse d'hommes. Homme ou femme, Clara
n'avait jamais été très regardante. Carpe diem était sa devise.
Tant qu'il y avait du plaisir... Rendez-vous fut pris pour le soir
même. Le temps que les joueurs sortent des vestiaires, signent les
autographes, bafouillent leurs interview, partent faire une virée du
diable, s'abrutissent d'alcool, et dès que les esprits seraient
suffisamment embrumés, les trois filles se retrouveraient au bar de
l'International pour débuter leur fête à elles trois, rien
qu'entre filles, avec toute la tendresse et l'attention dont seules
filles savent faire preuve.
Le lendemain vers 5h du soir,
elles émergeaient péniblement des quelques heures de sommeil qui
avaient suivi leur nuit de passion. Lilia s'était démenée pour
satisfaire ses deux amies, pour les rendre accro, pour qu'elles
veuillent que cette nuit se reproduise encore et encore. Elle avait
atteint son but, Clara et Lilou étaient blotties contre elle, toutes
les trois se serraient et continuaient à se caresser tendrement.
- Je vous aime toutes les
deux, avait-elle prononcé comme une sentence, pour marquer la mise à
mort de leurs anciennes relations.
Chapitre III
Ruptures en cascade
Lorsque l'on est jeune, belle
et riche, les histoires d'amour vont et viennent comme des croissants
chez un boulanger un dimanche matin. Les passions dirigent les
actions. Rien de surprenant à ce qu'ils officialisent aussi
rapidement leur relation tripartite. Clara et Lilou n'étaient
officiellement plus les compagnes des joueurs, et tout le monde en
était satisfait : les journalistes qui trouvaient là matière
à remplir leurs papiers, les partenaires qui partaient vers d'autres
aventures, et même ceux et celles qui étaient délaissé(e)s car la
nouvelle situation leur ouvrait de nouveaux horizons, de nouvelles
perspectives.
Teddy vit ses deux ailiers lui
jeter un mauvais regard. Il vint aux nouvelles :
- ça
va les gars ?
- Ouais super, t'en as
beaucoup des comme ça ?
- Heuuuu
- Je sais pas si t'es au
courant, mais on vient tous les deux de se faire plaquer comme des
serpillères !
- Je comprends, je suis désolé
pour toi mon poto, mais c'est pas la peine d'être agressif comme ça.
On a tous des galères, ça va, ça vient la vie, c'est comme ça.
- Sauf que là c'est ton ex
qui nous fout en galère.
- De quoi tu parles ? Quelle
ex ?
- Lilia, ça ne te rappelle
rien ?
- Et ben quoi Lilia ?
- Elle vient d'embarquer nos
gonzesses. Tu la plaques il y a quelques jours et là, coïncidence,
elle repart avec les femmes de tes deux équipiers. Tu trouves pas
que ça fait un peu gros. On va l'avoir longtemps dans les pattes ton
ex ? Si à l'avenir tu laves pas ton linge sale en famille, les
ballons en or qu'on t'envoie et que t'as plus qu'à pousser dans les
buts, on ira les pousser nous-même dans les buts !
Premier pique
Plus habitué à recevoir des
éloges qu'à se faire remettre à sa place, Teddy supportait très
mal cette altercation. Il se sentait humilié, sali d'avoir subi un
tel affront. Il partit à la rencontre de Lilia d'un pas décidé.
Elle allait passer une sale quart d'heure.
- Espèce de pouffiasse, tu te
prends pour qui à venir foutre le bordel dans mon entourage,
beugla-t-il lorsqu'il se retrouva en face d'elle.
- Je ne vois pas de quoi tu
parles. J'ai le droit de tomber amoureuse sans te demander ton avis,
feignit-elle avec l'innocence d'une ingénue pré-pubère.
- Me joue pas ce chapitre-là.
Continue comme ça et je te fais mettre à l'amende, tu ne pourras
même plus approcher un stade de foot pour acheter un coca !
Teddy était furieux. Lilia
s'était comportée comme une adolescente immature. S'il commençait
à laisser ses ex semer la zizanie dans sa vie publique après leur
passage dans son lit, son plan de carrière pourrait s'en trouver
bousculé. Il continua à l'injurier mais Lilia restait stoïque et
semblait sincèrement outrée. Devant tant d'assurance, il eut un
doute, mais n'en resta pas moins sur la même ligne d'attaque : mieux
valait une innocente bafouée qu'une coupable non châtiée.
Derrière son regard
langoureux et son expression de nonne flagellée à tort, Lilia
fomentait sa revanche et savourait l'embarras dans lequel elle avait
mis Teddy en une seule nuit qui fut, au passage, des plus agréables.
Elle pouvait passer à la phase B de sa vengeance.
Chapitre IV
Le sexe est une arme
Lilia ne décolérait pas. Il
l'avait brisée comme un fétu de paille, l'avait jetée sans
ménagement, pour une Eva sans cervelle, et il commençait déjà à
geindre à la première gifle. Il allait apprendre à chanter comme
un campagnol qui se coince les parties dans une porte.
L'univers du foot est
féerique, on y croise des vieux manitous qui tirent les ficelles et
doivent leur présence à toute une vie de coups fourrés et de
trahisons, de riches investisseurs pour qui de jeunes ambitions
manipulés par les vieux manitous époussettent le tapis rouge avant
chacun de leur pas et pchittent un jet de désodorisant après chacun
de leur pet, de jeunes joueurs fauchés en pleine galère de cité
par le talent qui leur apporte subitement célébrité et argent dont
ils n'ont pas eu le temps de lire le mode d'emploi. Lilia avait
choisi sa prochaine cible. Elle s'en approcha à pas de velours comme
un léopard qui tourne autour de sa proie en faisant mine de
l'ignorer. Les vieux pièges restent les plus efficaces. Elle
trébucha volontairement et son Martini finit sa course sur le polo
du sélectionneur. Quiconque dans la situation de Lilia se serait
confondu en excuse. Le sélectionneur faisait parti des intouchables.
Son influence était sans limite. Mais Lilia avait sa jeunesse et son
décolleté pour elle, ce qui n'est pas rien. Le sélectionneur n'eut
pas le temps de râler qu'elle lui coupa la parole.
- Oh je suis sincèrement
désolée. J'aurais préféré vous aborder autrement mais je n'ai
rien trouvé de mieux. Vous savez que j'ai quitté Teddy. Oui j'en ai
assez de tous ses jeunes sans expérience. Le succès leur monte à
la tête. Ils font croire aux filles qu'ils sont des dieux mais
enlevez-leur leur ballon et mettez à la place une fille et ils ne
savent plus rien faire.
Marcel éleva son regard avec
un sourire habitué, mais il ne réussit pas à apercevoir les yeux
de Lilia car la trajectoire comportait deux obstacles savamment
disposés : les seins de Lilia. Il n'en était pas à son premier
rentre-dedans et la période présente, juste avant la finale, était
bien mal choisie pour une dégustation de friandise mais Lilia
jonglait et dribblait les hommes avec autant d'aisance que Teddy les
ballons. Marcel laissa faire. Lilia enchaîna immédiatement avant
qu'il ne sorte de son hypnose :
- Je sais que vous n'avez pas
le temps de m'offrir un verre et que le moment est mal choisi. Je ne
vais donc pas vous faire perdre votre temps. Je vous observais déjà
à l'époque où j'étais avec Teddy, et je me disais que je sortais
avec un gamin, et que jamais dans ma vie je n'ai eu la chance de
rencontrer un homme mûr qui saurait me protéger, me rassurer,
auprès de qui je me sentirais entourée. Je suis à l'hôtel Hilton,
suite 212, venez me rejoindre ce soir, vous ne le regretterez pas.
Chapitre
VI
Carton rouge pour le
sélectionneur
La secrétaire personnelle du
sélectionneur se déplaça pour rencontrer Teddy :
- Bonjour Monsieur, M. Barquin
souhaite vous voir dans son bureau dès que possible s'il vous plaît.
La procédure était
inhabituelle. Les grands pontes essayaient toujours de sympathiser
avec les joueurs pour les mettre en confiance et ensuite leur faire
avaler plus facilement n'importe quelle pilule. Ils essayaient de
casser la distance. Faire transmettre un message par l'assistante
était tout l'opposé.
- ça
sent le roussi votre affaire, plaisanta Teddy pour tenter de glaner
une précision.
L'assistante ne releva pas,
l'une de ses fonctions était d'être aussi discrète que possible,
toujours disponible mais invisible. Elle tourna les talons et
repartit de sa démarche digne. Teddy ne put s'empêcher d'admirer le
galbe tentant de ses jambes que mettait en valeur la couture
savamment visible de ses bas. Il tenta de vaquer à ses occupations
habituelles mais cette convocation lui trottait dans la tête. Il
n'avait pas de quoi s'inquiéter, le champion c'était lui. Mais tout
de même, la méthode était surprenante. Plutôt que de tourner en
rond à gamberger, il se rendit dans le bureau où l'on négociait
des millions comme un buraliste manipule des paquets de cigarettes.
- Bonjour Marcel, comment
vas ? commença-t-il prudemment. Il cherchait à prendre la
température comme on dit, à comprendre la raison de cette
officieuse convocation officielle.
Le visage de Marcel se crispa,
ce qui n'était pas bon signe. Ses sourcils s'abaissèrent. Il racla
sa gorge et s'exprima sur un ton trop sérieux :
- Vous savez, M. Vlackmar,
j'ai un travail très difficile, il faut déceler les talents, les
entraîner, gérer la vie publique des joueurs, satisfaire aux
exigences des sponsors, et plus important que tout, gérer l'image du
club. C'est le public notre patron à tous. Nous lui devons des
comptes. La victoire sans le panache n'est rien.
Il marqua un blanc. Effet de
style qui agaça Teddy. Qu'il en vienne au but puis retourne à son
golf. Marcel continua :
- L'affaire de votre ex-femme
a fait beaucoup de bruit.
Nouveau blanc, pour bien
appuyer l'information. Teddy était franchement irrité. Qu'est ce
qu'ils avaient tous à lui tirer les poils avec son ex !!!
- Je vous rappelle que je ne
gère pas une équipe de 3° division, mais l'équipe de France. Nous
renvoyons l'image de la France. Le monde a les yeux braqués sur
nous. Nous nous devons tous de surveiller notre comportement. Le
scandale en première page de tous les journaux autour de votre
ex-femme et celles de vos ailiers génère une ambiance délétère
au regard de la sérénité attendue pour l'enjeu qui nous attend.
Mais qu'est-ce qu'il baragouine, je ne comprends rien à son
charabia, jamais il parle comme ça, marmonna Teddy pour
lui-même.
- En conséquence, j'ai dit
pris la difficile mais nécessaire décision de vous écarter
temporairement du terrain. Vous serez sur le banc de touche dimanche.
Cette fois-ci, Teddy exposa :
- Quoi ? Dimanche ?
Mais c'est la finale dimanche ! T'as pété un cable ou quoi ?
Marcel fit signe à son
assistante de raccompagner l'ex futur vainqueur.
Teddy fulminait. Cette
décision était impensable. Une pure hérésie pour le match.
Inconcevable. Il ne pouvait y avoir qu'une seule explication :
encore un coup fourré de Lilia. Cette fois-ci, il allait la réduire
en charpie.
Chapitre VII
Il a mis le pied dedans
Teddy n'eut aucun mal pour
trouver Lilia. A vrai dire, non seulement elle ne se cachait pas,
mais elle s'attendait même à sa venue. Le banc de touche, c'était
le coup de grâce. Même s'il ne pouvait rien changer dans les faits,
son ego allait tenter de reprendre le dessus. Au moins une bonne
gifle pour avoir le dernier mot. Lilia ne craignait pas la gifle car
elle serait l'enterrement de Teddy. La frapper en public, ce serait
comme clouer lui-même les planches de son propre cercueil. Elle
voyait déjà les titres des journaux " Il ne supporte pas
la rupture et frappe son ex. Une plainte pour violence est déposée.
Cela va-t-il marquer la fin de la carrière de Teddy Vlackmar ? ".
Elle piaffait d'impatience en attendant sa baffe et dut faire un
immense effort pour dissimuler l'expression rayonnante de son visage
lorsqu'elle le vit fondre sur elle.
- Mais t'es malade ou quoi ? T'as un problème sérieux !
Pas de coup, et il faisait les questions et les réponses. Lilia
était dépitée, elle s'était attendue à plus théâtral. Elle
joua son rôle. Impossible de nier cette fois-ci, la ficelle était
trop grosse. Elle choisit donc de fondre en larmes.
- Pardonne-moi, je sais que j'ai déconné, mais je t'aime trop.
Je pars complètement en vrille depuis que t'es plus là. Je ferai
tout ce que tu voudras, je sais pas comment me faire pardonner. J'ai
pas réfléchi, j'étais trop malheureuse.
Et elle pleura, elle pleura, elle renifla, elle s'étrangla, elle se
moucha, et poussa même le vice jusqu'à essuyer avec le revers de sa
manche un écoulement de morve forcé. La colère de Teddy passa aux
oubliettes. Lilia savait parfaitement retrouver la petite fille sage
et innocente qu'elle n'avait pourtant jamais été. Teddy était
planté là, les bras ballants. Que pouvait-il faire ? Elle se
rapprocha de lui et l'enserra avec de chaude larmes. Ses bras se
refermèrent sur le cou musclé où elle enfouit sa tête. Teddy
serra contre lui cette petite fille perdue. Un " Oh ! "
aigu vrilla le silence de la scène. C'était Eva, la nouvelle égérie
de Teddy, qui passait par là et venait de les surprendre son fiancé
dans les bras de son ex.
Chapitre VIII
Echec et mat
L'image de Teddy en prit un coup dont elle n'était pas prête de se
relever. Pour l'opinion publique, il était le chienchien de Lilia.
Lilia l'avait jeté comme une chaussette malodorante pour se jeter
dans les bras de toutes les filles de l'équipe. Et lui, sans aucune
dignité, abandonnant tout amour propre, avait continué à quémander
un peu d'affection. Il n'avait pour cela pas hésité à faire
souffrir la pauvre jouvencelle Eva que tout le monde plaignait. Il
était l'homme sans âme, sans honneur. Même s'il restait un joueur
rapide, puissant et un technicien remarquable, aucun club de premier
rang ne voudrait désormais plus attacher son image à tant
d'indignité. Lilia était
satisfaite et put se débarrasser de son Marcel grisonnant qu'elle
n'avait jamais supporté. En prime, il transpirait des aisselles au
moindre effort, toute intimité était intenable. Elle jeta son
dévolu sur la dernière recrue. Elle les aimait bien, finalement,
ces petits jeunes qui perdaient le peu de tête en leur possession
lorsqu'ils signaient leur premier contrat avec plus de zéros
derrière le 1 que l'école buissonnière ne leur avait appris à en
compter. Ils étaient des petits lapins courant dans l'herbe après
une carotte ronde, et qui terminaient toujours leur course entre ses
griffes de léopard. Et puis, entre un Teddy et un Marcel, il y avait
trente ans d'écart. C'est pas rien trente ans.
Elle était heureuse, elle
avait atteint tous ses buts. Personne
ne pouvait impunément la jeter comme une moins que rien. Elle
détenait le pouvoir, sur les jeunes écervelés, sur les vieux
décrépis, sur les bimbos toujours à cours d'aventures. Elle
se sentait si bien dans sa peau de garce qu'elle laissa échapper à
voix haute une pensée qui lui trottait dans la tête depuis quelques
temps déjà :
- Quand je me serais lassé de
celui-là, il faudra que je m'intéresse au milieu de la Formule 1.
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